Cécile et sa tente

Elle s’appelle Cécile et a 85 ans.

Cécile vit en Belgique dans une résidence pour personnes âgées. Religieuse retraitée, elle a passé sa vie à soigner des malades démunis aux quatre coins du monde.

Un jour, Sœur Cécile a décidé d’installer une tente dans le jardin commun de sa maison de retraite, pour s’y retirer quand elle a besoin de calme et de solitude.

L’institution s’est bien sûr opposée à son projet, mais elle a tenu bon. Elle en a vu d’autres et n’a pas fait vœu d’obéissance aux gestionnaires de ce monde. Contre vents et marées, elle a donc planté sa tente, l’a entourée d’écorces, de branches et en a fait son refuge. Tous les jours, Sœur Cécile y passe quelques heures à l’abri des regards pour y méditer, y prier, et faire le point sur sa vie avant de retourner dans sa chambre.

Son abri incarne à la perfection ce que la psychologie environnementale et en particulier Jay Appleton ont théorisé sous le nom de « Prospect and refuge theory » : la configuration d’un espace, son accès à la lumière naturelle et aux perspectives visuelles influencent profondément notre réponse émotionnelle et expliquent nos préférences pour certains types de lieu. Il démontre aussi concrètement le sens de l’hexagramme que nous avons emprunté au Yi King pour en faire le logo de l’Université dans la Nature : le retrait stratégique, l’endroit dans lequel on se retire pour mieux revenir et qui est par excellence, selon nous, la nature.

Mais récemment, le vent a déchiré la tente de Cécile. Son petit paradis s’est presque complètement envolé…Il ne reste qu’un morceau de toile et l’hiver arrive chez Sœur Cécile.

Nous avons donc décidé, avec notre collaboratrice en Italie Isabel de Maurissens, de lui offrir une nouvelle tente.

Elle ne le sait pas encore et la recevra demain par la poste.

Dormez tranquille, Soeur Cécile.